lundi 17 mars 2008

J'ai reçu une lettre...


Ce matin, dans la pile de courrier, une lettre a attiré mon attention. Des contours tricolores, des timbres collés en bas de l'enveloppe, pas de doute, cette lettre venait de loin et... elle était pour moi! Une de ces lettres qui nous prennent par surprise, qu'on n’attend pas, mais que, sincèrement, on voudrait recevoir plus souvent. Une de ces lettres, où l'on vous souhaite à la fois un joyeux anniversaire, un joyeux Noël et de bonnes fêtes de fin d'année. Une lettre qui ne manque pas de détails et de précisions, qui choisit les mots exactes. Une lettre un peu naïve peut-être, mais qui laisse échapper, en même temps que quelques fautes d'orthographe qui contrastent avec les grands mots employés, tant de vérité. Vite, je retourne l'enveloppe pour vérifier ce que j'avais deviné, elle est d'Ibrahim. Et c'est le Burkina qui raconte, le Burkina qui bouscule tout.

Il n'en faut pas plus pour réaliser à quel point le temps passe vite. Que s'est-il passé pendant ces 5 ans qui séparent notre rencontre, cette expérience proche et lointaine à la fois ? Que de différences entre nos deux continents et tant de ressemblances aussi!!

Ibrahim a commencé des études en septembre, je les termine cette année. Les mêmes questions, les mêmes doutes. Autant de rêves, d’attentes. Mais il faut bien se rendre à l’évidence, les efforts à faire pour les atteindre ne seront pas les mêmes. J’ai presque honte d'être née la où je suis née, d’avoir des parents qui payent mes études, d'avoir presque tout à porté de main, d’avoir la chance de voyager. Et si tout ne me tombe pas du ciel, chaque pas qui me rapproche de mes rêves est sans doute plus léger et plus rapide, surement moins courageux que les siens.

Les différences qui séparent nos deux continents m'écœurent. Je les trouve injustes, mais me sens impuissante. Ibrahim s’interroge. Ses « rêves d’enfance, ses projets vont-ils voir le jour ? Ne s’est-il pas trompé lorsqu’il pensait qu’il deviendrait un jour un grand Monsieur dans le monde de la science et de la littérature, un haut cadre ? », qu’il voyagerait, qu’il connaitrait d’autres pays et continents ? Mais comment ne pas douter de sa réussite lorsqu’il n’y a qu’un professeur pour une matière donnée à plus de 3000 étudiants ? Que ce professeur ne prend la peine de donner cours qu’une fois par mois (au lieu de deux fois par semaine) ? Que les cours sont dispensés sans micros ?