A côté des voyages, de la découvertes de la culture espagnole, des cours de salsa, des rencontres…il reste un pan de ma vie ici, tellement évident – puisqu’en principe je suis ici pour ça et qui occupe une bonne partie de mon temps- que j’ai oublié de dire un mot ! les cours ! Oui, j’ai déjà un peu parlé de mon expérience au service des relations internationales, de la difficulté de la première semaine à l’Unif’ et du choix des cours…Mais j’en suis resté là, sans dire un mot du contenu de ces fameux cours…
En tant qu’Erasmus, nous avons le droit de suivre 5 cours (30 crédits – ni plus ni moins…Carmen Martin est formel), à raison de 2 fois 1h30 par semaine (chaque cours bien sûr -c'est plus intelligible comme ça mimi? et non je n'ai pas que 3h de cours par semaine...), sans pause (bien qu’il soit scientifiquement démontré qu’après 48 minutes, tout être humain normalement constitué perd toute concentration).
Le lundi et le mercredi sont bien chargés :
- Je commence la journée par Etudes monographiques de la littérature française. Peut-être le cours le plus originale suivi jusqu’à maintenant. Autour de la petite table du fond du département de français, une tasse de thé ou de café à la main (ça aide vu l’heure matinale), nous sommes 4 : deux français, Sabrina et Simon, une polonaise, Alexandra et moi. Plus qu’un cours, c’est une sorte de café littéraire. Détrompez-vous, nous ne parlions pas de tout et de rien au contraire -nous nous sommes mis d’accord au début pour étudier les Contemplations de Victor Hugo-, mais la discussion, l’étude des textes et les exercices de lectures sont orientés en fonction des envies d’Ilda (prof’ de la Sorbonne) …
Vous avez bien compté, je n’ai pas 5 cours, mais 6. Je prends celui-ci en élève libre non pas parce que j’aime me lever à 7h du matin deux fois par semaine, mais parce que l’ambiance de ce cours m’a vraiment plus, et s’il peut me faire mieux comprendre et apprécier la poésie, je suis prenante… Il a donc fallu batailler pour régulariser mon inscription, me renseigner sur la procédure, être renvoyée de bureau en bureau, remplir enfin une pétition de demande pour le décanat et attendre le coup de fil de la merveilleuse Carmen Martin qui m’annonçait que ma demande était acceptée !
- Ensuite, vient le cours de grammaire comparée française-espagnole, un cours bilingue. Le prof, gay ou misogyne fini –ou peut-être les deux, n’adresse la parole qu’aux garçons de la classe dont il n’a pas tardé à connaître les noms : Proust et Collignon. Ainsi, la clase se transforme en « trialogue » entre professeurs et deux élèves constamment sollicités. D’abord frustrées et révoltées par la situations, les filles ont fini par se résigner et se faire oubliées. Le prof’ est un drôle de personnage…difficile à cerner, d’autant plus quand il lui vient l’idée de nous apprendre le langage vulgaire espagnol pendant 3 cours de suite… ou qu’il nous fait venir le vendredi matin pour nous donner 40 minutes de cours !
- J’enchaîne ensuite avec mythologie arthurienne, un cours d’étude de texte sur la matière arthurienne. La drôlesse du cours vient du décalage linguistique : étudier des textes français du moyen âge, traduits en espagnols. La prof’ –sortant précipitamment un petit bonbon à la menthe de son sac-, nous promet une extinction de voix qui ne vient jamais…
- L’après-midi commence avec Frederico Garcia Lorca et la génération de 27. le prof, García Montero est, parait-il un expert en la matière, presque une vedette selon quelques fans, Erasmus italiennes, qui ne sont venues à Grenade que pour assister à son cours.
Lorca est sans aucun doute un écrivain incontournable à Grenada. Martyr de la guerre civile espagnole, assassiné en 1936 par les franquistes, les rues sont imprégnées de sa mémoire, tandis que sa maison, entourée d’un parc qui porte son nom, est devenu un lieu touristique. Il appartient avec d’autres artistes, à la génération, appelée communément générations de 27 (de 1927). Celle-ci est essentiellement composée de poètes qui allient traditions espagnoles et avant-gardes européennes et se caractérisent par une rupture par rapport au langage.
- La journée s’achève avec Narrativa Hispanoamericana, un cours sur le genre romanesque en Amérique du Sud. Un cours vraiment intéressant, et une matière toute nouvelle pour moi ! La difficulté est d’être en ordre dans les lectures…difficile de suivre quand on doit lire en parallèle d’autres livres, pour d’autres cours.
A la fin du cours, il est 6h30, il fait noir et froid dehors…
A côté de ça, mes mardi et jeudi devraient être un jeu d’enfant ! Une heure et demi de cours… mais pas n’importe lequel : le cours d’Imaginaire féminin. Ce cours, à la description alléchante, s’est vite transformé en véritable calvaire… en heures interminables de dictées sur la théorie littéraire féministe, en travaux de groupe à 8, et en lectures obligatoires. J’imagine que l’expérience Erasmus n’aurait pas été complète sans ce fameux travail de groupe… sans les réunions de groupe de 5 minutes top chrono, se terminant en queue de poisson sans qu’on soit plus avancées, sans la fille qui s’amène le jour de la mise en commun avec une disquette (je ne savais pas que ça existait encore, par contre maintenant je sais que c’est un calvaire d’en sortir le contenu), sans le casse-tête qu’a représenté la mise en page, sans les retards plus où moins conséquents de certaines,… Pour ce qui est de l’impression du travail, l’histoire est trop longue pour que je vous assomme avec…
Comme il est impossible de changer ce cours, j’imagine qu’il faut juste que je prenne mon mal en patience…