mercredi 6 février 2008

la vie comme un puzzle

Un être un gros tas de morceaux. Des pièces de puzzle qui s’emboitent plus ou moins bien, qu’il faut retourner, essayer de poser à d’autres endroits. Il faut se tromper, recommencer toujours. Et tant que le puzzle n’est pas terminé, l’être se sent inachevé. Il pense, il réfléchit, il essaye de comprendre ce qui se passe là, à l’intérieur, dans son ventre, dans sa tête. Et comme Sisyphe qui roule sa pierre, toute sa vie l’être porte le fardeau de son inachèvement. Toute sa vie. Un point qui pèse. Lorsqu’il a collé une pièce, qu’il est sûr de ne plus devoir la bouger, l’être s’apaise. Il ne s’apaise cependant qu’un instant… déjà, une autre pièce lui pose problème. Et avec cette pièce qui pose problème ce sont les pièces posées qui se rebellent. Et si jamais il s’était trompé ? Très vite, le soulagement et l’excitation de ce petit succès s’évanouissent. Il faut chercher plus, essayer d’autres combinaisons, déloger parfois une pièce dont on était sûr de la place…

Déjà enfant, on a habitué l’être à sa condition. On lui met des puzzles sous les yeux pour éveiller son esprit. Des puzzles faciles, de quatre grosses pièces de cartons indestructibles. Puis des puzzles plus compliqués, 25 pièces. Le dessin représente une princesse de Walt Disney. Les jours passent et le nombre de pièces se multiplie. Ce sont des centaines de pièces unicolores qui s’accumulent. L’exercice se fait plus difficile, requiert plus de patience, plus de détermination. Certaines personnes n’arriveront pas à ce stade de difficulté. Pourquoi perdre son temps à assembler des bouts de cartons minuscules ? D’autres laisseront vite tomber, découragées. Impuissantes. Un jeu pourtant. Un jeu qu’elles seront incapables d’adapter à leur vie. Elles choisiront la facilité : ne pas se tracasser, oublier de penser pour cacher sa détresse, ne pas vouloir voir, ne pas vouloir comprendre. Les personnes assez patientes pour accoler des centaines de fragments d’images unicolores, presque uniformes, sauront par contre être attentifs pour remarquer la nuance de couleur, de la courbe ou de l’angle.

Le puzzle de carton et couleur disparaît avec le temps, mais un autre, impalpable celui-là, se dessine petit à petit à l’intérieur de chaque être. Les joueurs joueront, les autres, s’ils ont conscience de son existence, s’efforceront de l’oublier. A ce puzzle-là, des pièces s’ajoutent chaque jour. Ce petit détail rend le jeu plus intéressant, plus difficile, plus excitant aussi. (à suivre)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Vite vite, la suite!!! ;-)

J'adore ce texte! C'est superbement écrit et très vrai!

Quel talent!

Plus que 10 jours avant le retour, je me réjouis de te revoir poulette!

Bisous

Anonyme a dit…

Bravo thérèse !!!
Très très bien écrit,
Je suis Fan.
En plus, tu écris ca le jour de mon anniversaire.
A quand le premier roman...?
Bisous